De consommatrices bas carbone à leaders climatiques

Nepal farmer

Ce rapport établi dans le cadre du programme GLOW analyse les données relatives à l'autonomisation économique des femmes dans le cadre des transitions vers une économie bas carbone. Il identifie les lacunes dans la base de données et recommande la manière dont GLOW et d'autres initiatives de recherche et bailleurs de fonds peuvent enrichir la base de données et contribuer à l'élaboration des politiques et des bonnes pratiques.

Les acteurs étatiques et non étatiques se tournent vers des économies à zéro émission nette de carbone dans le but d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris sur le changement climatique, qui engage les pays à contenir l'augmentation moyenne de la température mondiale à 2°C et à se rapprocher le plus possible de 1,5°C. Afin d’atteindre cet objectif, il faudra réduire rapidement, fortement et durablement les émissions mondiales de dioxyde de carbone afin de parvenir à des émissions nettes nulles dans les années 2050 et à des émissions nettes négatives par la suite.

Les transformations économiques nécessaires vont bouleverser le monde du travail.

Certains emplois ne seront plus compatibles avec les contraintes climatiques et devront disparaître. De nouvelles activités bas carbone apparaissent déjà et continueront d'apparaître.

La dimension de genre est importante. Aujourd'hui, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à occuper un emploi rémunéré informel et précaire. Partout dans le monde, les femmes assument la plupart des tâches non rémunérées de l'économie des soins et elles subissent de manière plus importante les effets des crises. C'est encore plus vrai dans les pays à revenus faibles et moyens, et plus particulièrement pour les femmes qui travaillent dans les économies rurales des pays en voie de développement. Objectif de développement durable (ODD) 5 : L'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles semblent toujours hors d'atteinte.

Les budgets verts emploient superficiellement des mots tels que « inclusif », sans répondre aux besoins spécifiques des femmes à faibles revenus, ni présenter des moyens concrets pour leur permettre d'accéder à un travail durable, décent et sans risque pour l'environnement.

Après avoir constaté que l'approche du développement économique était décousue et ne tenait pas compte de la dimension de genre, le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada a lancé le programme de recherche Gender Equality in a Low Carbon World (GLOW). GLOW finance 12 projets dans 17 pays à revenu faible ou intermédiaire afin de déterminer dans quelle mesure l'autonomisation économique des femmes peut être intégrée dans les transitions bas carbone et résilientes au changement climatique.

Le présent rapport de recherche (à télécharger ci-dessous) a été commandé afin de présenter le travail de GLOW :

  • identifier les éléments démontrant les liens entre l'autonomisation économique des femmes et les transitions bas carbone, et les lacunes à combler
  • déterminer dans quelle mesure les projets GLOW contribuent à combler les lacunes de la base de données
  • recommander GLOW, des initiatives de recherche et des organismes de financement pour enrichir davantage les données sur les liens ainsi que les politiques et les pratiques.

Les questions centrales qui guident l'étude sont les suivantes :

  • Dans quelle mesure les trajectoires bas carbone et l'autonomisation économique des femmes sont-elles intégrées dans les publications ?
  • Dans quelle mesure les politiques de développement bas carbone et leur mise en œuvre sont-elles liées à l'autonomisation économique des femmes dans les politiques et dans les faits ? Quels sont les éléments de preuve ?

Le rapport fait le constat suivant :

  • Jusqu'à présent, l'autonomisation économique des femmes n'a généralement pas été prise en compte dans les transitions bas carbone à l'échelle de l'économie.
  • La réflexion sur les questions de genre et les vulnérabilités croisées des individus (l'âge, le groupe ethnique, la classe sociale, la caste, le handicap, etc.) est traitée de manière superficielle dans les ouvrages de référence consacrés aux politiques économiques d'atténuation du changement climatique, souvent qualifiées d’« économies vertes » ou de « croissance verte ». Il y a une occasion à saisir immédiatement – et même en urgence – pour combler cette lacune.
  • La littérature féministe transversale sur le genre et le changement climatique a joué un rôle essentiel en mettant l'accent sur la participation des femmes à la prise de décision en matière de climat. Ses éminents chercheurs et défenseurs ont réussi à attirer l'attention sur les questions de genre dans les processus de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Toutefois, ces travaux abordent peu les autres aspects de l'autonomisation économique et sont davantage axés sur le rôle des femmes dans le domaine de l'adaptation. Le volet relatif à l'atténuation du changement climatique a été peu important en comparaison.
  • Depuis la signature de l'Accord de Paris en 2015, les discussions politiques mondiales et la littérature grise se sont davantage intéressées à la notion de « transitions justes ». Les « transitions justes » ont pour but d'indemniser les travailleurs des industries qui extraient des combustibles fossiles ou qui en dépendent, en les formant et en les redéployant vers des emplois plus durables d'un point de vue environnemental. Elles ont eu tendance à privilégier les industries polluantes et dominées par les hommes dans les pays du Nord. Les cadres politiques mondiaux tels que les textes de décision de la CCNUCC sur les « transitions justes » ne reflètent pas encore suffisamment une approche équilibrée. Par conséquent, peu de discussions ont porté jusqu'à présent sur la manière dont les travailleurs les plus défavorisés, notamment les femmes, les travailleurs du secteur informel et les travailleurs ruraux des pays du Sud, peuvent accéder à des emplois plus sûrs et bas carbone. Récemment, des coalitions d'organisations et des penseurs féministes basées dans le Sud ont cherché à combler cette lacune et à rectifier les préjugés antérieurs.
  • On retrouve certaines des réflexions les plus audacieuses sur les liens entre l'autonomisation économique des femmes et les transitions bas carbone dans la littérature sectorielle, en particulier dans les domaines de l'agriculture, de la foresterie et de l'agroforesterie.

Cette étude révèle également que peu de politiques gouvernementales en matière de climat intègrent les travaux les plus innovants et faisant le lien entre l'autonomisation économique des femmes et les transitions bas carbone. Le rapport note que les contributions déterminées au niveau national (CDN) d'Antigua-et-Barbuda, du Népal et de la République des Îles Marshall placent l'égalité des sexes au centre de leurs préoccupations, tout en étant très ambitieuses en matière lutte contre le changement climatique. Ces politiques semblent être bien en avance sur la littérature académique sur le sujet.

Le présent rapport s'adresse principalement aux étudiants, aux universitaires, aux chercheurs et aux organismes de financement de la recherche qui souhaitent être au fait des pratiques et des innovations écologiques, et savoir comment les premières recherches de GLOW s'intègrent dans la base de données existante.

Une annexe du présent rapport, intitulée Women's economic empowerment: the missing piece in low-carbon actions and plans, de M. Dupar and E. Tan (2022)  (in English, French, Spanish) contient des recommandations spécifiques à l'intention des gouvernements et des chefs d'entreprise sur les changements qu'ils pourraient apporter aux politiques et aux investissements.

Ce rapport de recherche sera publié en français en mars 2023. N'hésitez pas à consulter le site plus tard pour plus de détails.

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