Réorienter le secteur privé vers des solutions agricoles climato-intelligentes afin de lutter contre les inégalités de genre

Climate-smart agriculture in Tanzania. Credit Cecilia Schubert via Flickr

Contexte

L'Afrique de l'Est fait face à des sécheresses récurrentes, à des inondations, à des précipitations irrégulières et à d'autres aléas climatiques qui ont un impact sur la production agricole et entraînent l'insécurité alimentaire. Le changement climatique risque d’accroître la pression sur le secteur agricole de la région, qui est alimenté à 75 % par la pluie, en raison de la grande volatilité des rendements, de l'augmentation des températures et du changement des régimes pluviométriques. En outre, l'aggravation des effets du changement climatique pourrait causer d’énormes difficultés liées à l'insécurité alimentaire dans la région.

Le secteur agricole fait également partie du problème car il pèse lourdement sur l'environnement. En tant que premier consommateur d'eau de la région, le secteur agricole est l'une des principales sources de pollution des eaux de surface et des eaux souterraines, et l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre (GES). La pression exercée par l'augmentation de la production alimentaire de la région a également entraîné une surexploitation des ressources agricoles. La dégradation des terres et des sols a à son tour entraîné une baisse de productivité.

Les femmes constituent la majorité de la main-d'œuvre agricole en Afrique ; en 2019, les statistiques indiquaient 54 % de femmes contre 49 % d'hommes. Il est donc possible de renforcer l'autonomie économique des femmes en soutenant le secteur agricole. Les agricultrices continuent d'avoir des taux de productivité agricole inférieurs à ceux des hommes dans toute la région, non parce qu'elles sont moins efficaces, mais parce qu'elles n'ont pas le même accès aux intrants agricoles et aux marchés de produits, ni les mêmes droits fonciers, un problème qui n'a fait que s'aggraver durant la pandémie de Covid-19.

Selon une enquête de la FAO, la productivité agricole en Afrique subsaharienne pourrait augmenter de 20 % si les femmes bénéficiaient d'un accès égal aux intrants agricoles et à la terre. Les solutions agricoles intégrant la dimension de genre permettront non seulement d'accroître la productivité, mais également de renforcer l'autonomie des femmes dans le secteur (en tant qu'agricultrices, employées, consommatrices, bénéficiaires, partenaires, etc.).

Objectifs

Le projet vise à développer les entreprises du secteur privé (ESP) qui fournissent des solutions adaptées au climat (bas carbone), et à les aider à adapter leurs offres de façon à promouvoir l'autonomisation économique des femmes. Tout au long du projet, un soutien sera accordé à 10 ESP afin qu'elles adoptent de nouvelles approches en matière d'égalité des sexes et renforcent leurs innovations climato-intelligentes et, par conséquent, développent leurs activités. Les principaux objectifs du projet sont les suivants :

  1. Créer des preuves de l'impact des ESP sur l'autonomisation économique des femmes et le développement bas carbone – en effectuant un suivi et une évaluation périodiques attestant de l'impact du soutien aux entreprises sur l'autonomisation économique des femmes dans les différentes filières, et sur la transition vers une économie bas carbone.
  2. Développer un argumentaire en faveur de l'investissement dans ces ESP – en communiquant sur les exemples de réussite illustrant l'impact de ces ESP.
  3. Identifier les besoins financiers et d'accompagnement des ESP – en offrant une assistance sur mesure aux ESP et en évaluant les résultats de cette assistance afin d'identifier les domaines d'assistance les plus pertinents pour les ESP, ainsi que leur besoin en capital pour passer à l'échelle supérieure.
  4. Comprendre les priorités des femmes et recommander des approches aux ESP pour promouvoir l'autonomisation économique des femmes – en menant des recherches (discussions de groupe, entretiens et enquêtes) avec les femmes clientes/bénéficiaires de ces ESP. Cette recherche examinera comment les ESP peuvent transformer la situation des femmes et simplifier leur accès aux moyens de production, aux intrants commerciaux et aux marchés.
  5. Souligner la nécessité de politiques et d'interventions favorables – en interagissant avec les parties prenantes du secteur et les investisseurs pour identifier les besoins et les politiques adaptés à ces ESP.

Partenaires

Le projet est piloté par Intellecap en collaboration avec REPOA

Activités

La mission est divisée en cinq phases de travail :

Phase 1 : Faire des recherches préliminaires pour comprendre dans quelle mesure des ESP ayant des approches climato-intelligentes peuvent permettre d'atténuer les effets du changement climatique dans le secteur de l'agriculture et des systèmes alimentaires, tout en améliorant l'accès des femmes aux opportunités économiques.

  • Mener des recherches complémentaires pour comprendre l'écosystème des ESP dans le secteur et leur impact sur l'autonomisation économique des femmes
  • Concevoir des critères de sélection des ESP climato-intelligentes susceptibles de favoriser l'autonomisation économique des femmes tout en assurant la transition vers une économie bas carbone
  • Concevoir et lancer un appel d’offres pour les entreprises fournisseurs

Phase 2 : Identifier et intégrer des ESP climato-intelligentes en vue de leur participation à ce projet de recherche axé sur la mise en œuvre

  • Sélectionner les 10 ESP les plus pertinentes pour participer au programme et proposer différents produits/services dans des zones géographiques ciblées
  • Répartir les 10 ESP en 3 groupes, qui seront intégrés à tour de rôle dans le programme de soutien
  • Procéder à un examen et à une analyse détaillés des activités de chaque ESP
  • Interagir avec environ 50 clients et partenaires de la filière (y compris des femmes) de chacune des 10 ESP afin d'établir une base de référence et d'identifier les domaines dans lesquels l'égalité des sexes doit être intégrée
  • Identifier les interventions d'assistance technique pertinentes pour chaque ESP sur la base des analyses précédentes

Phase 3 : Fournir une assistance technique aux ESP sélectionnées pendant six mois pour mettre en œuvre les modèles/approches de soutien pouvant contribuer le plus à augmenter la participation des femmes dans le secteur

  • Élaborer un plan d'action et un plan de conseil en matière d'égalité des sexes adaptés à chaque entreprise
  • Soutenir les entreprises par le biais d'une assistance technique afin d'intégrer la dimension de genre dans des aspects commerciaux pré-identifiés et de développer l'entreprise dans son ensemble
  • Fournir d'autres aides complémentaires, telles que l'identification de partenaires potentiels, l'accès à des possibilités de mise en réseau, l'accès à des investisseurs et le soutien dans la préparation à l'investissement, le cas échéant

Phase 4 (à mettre en œuvre parallèlement aux phases 2 et 3) : Faire le suivi et l'évaluation afin d'identifier et d'analyser les domaines d'intervention (financiers et non financiers) qui peuvent être les plus utiles pour développer ces ESP adaptées au climat, tout en renforçant la participation économique des femmes dans le secteur

  • Élaborer un cadre logique pour chaque ESP et au niveau du programme
  • Créer un outil de collecte de données avec des indicateurs spécifiques d'impact sur le genre à suivre
  • Réaliser des évaluations de base, à mi-parcours et à la fin de la mission
  • Assurer un suivi régulier des activités et des résultats

Phase 5 : Communiquer les enseignements tirés afin d'améliorer les connaissances sur le rôle des ESP adaptées au climat dans l'autonomisation économique des femmes et de développer une analyse de rentabilité en vue d'investir dans ces entreprises

  • Élaborer des documents de référence et des études de cas sur les ESP de ce groupe, sur les succès et les échecs de l'aide apportée aux ESP et sur les enseignements tirés du programme global
  • Organiser des ateliers pour partager les résultats et réunir les acteurs du secteur

Contact

Karnika Yadav, Directrice – Afrique, Intellecap Advisory Services

karnika.yadav@intellecap.com

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Photo: Cecilia Schubert via Flickr

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